1-TOUT PEUT SERVIR :

J.P CHABROL a documenté a de multiples reprises , ce qui a amené les pauvres, de nombreux paysans, à accumuler tout ce qui pouvait se conserver et, de leur point de vue, avoir, un jour …,une utilité.

2-DES AUTODIDACTES :

-La démarche est le plus souvent individuelle, induite par la nécessité ; avec des exceptions les aménagements « lourds » :

rigoles d’arrosage,chemins… ,nécessairement collectifs dans leur création,leur entretien et leur gestion.

-Il n’y a nul souci de pérennité :

Toute invention durable sera perçue comme une chance inattendue.

-Il n’y a aucune raison de faire école, de vouloir transmettre un savoir ; car on opère avec un empirisme solide ,et le souci d’aller vite ,sans considérer l’éventualité d’une nécessaire répétition.…

Il faut souligner que l’empirisme est à la base de beaucoup plus de choses qui fonctionnent, que ce qui est effectivement issu de la « Science ».

Et, à titre d’exemple, si on considère les Brevets, dans l’industrie textile ,au XXe Siècle : 40 % sont le fait de « non-ingénieurs ».

Le paradoxe pédagogique consiste, à postériori, a vous expliquer pourquoi « ça a marché » ; tandis que l’empirique procède « à tâtons » et sait plus ou moins exploiter ses multiples échecs.

L’exploitation de l’échec est le carburant de l’innovation.

De ce fait l’inventeur, contrairement à ce qu’affirment poètes et ethnologues , ne tire généralement aucune fierté particulière de ce qu’il a obtenu, même s’il constate que « ça marche ».

3-LE SENS DE L’EFFICACITE

-L’esthétisme, tel que nous le conçevons est le cadet des soucis de l’inventeur, même s’il s’offre de temps en temps le luxe de l’inutile : un décor, par exemple ou encore, fait preuve d’humour.

-La notion,la contrainte du temps à consacrer à l’invention est considérée comme négligeable.

-On est face en quelque sorte a ce que le marin sait faire : « naviguer à vue » ; et c’est souvent efficace.

Cela se rapproche de cette antienne : de ces « artisans de la préhistoire qui n’avaient pas conscience d’être des artistes » ..;et de ces découvreurs qui ne mesuraient pas leur intelligence.

Un exemple d’énigme pour les « modernes » c’est l’examen de l’outillage qui nous paraît grossier, lourd.

Les marteaux anciens : massifs, lourds… ;sont déconcertants : leurs utilisateurs n’étaient probablement pas des athlètes…mais ils avaient compris un principe efficace : celui de l’inertie .

Je ne suis pas certain que nos marteaux modernes, si légers, offrent un bilan énergétique amélioré…

4-L’IMAGE :

Il y a une image traditionnelle et caricaturale des ruraux : le conservatisme.

Il est exact que lorsque quelque-chose fonctionne, même médiocrement, et dans quelque activité que ce soit, on évite soigneusement d’y toucher.

Et on doit bien reconnaître que dans de nombreux cas, on ne sait pas exactement pourquoi « cela fonctionne » ; plus précisément l’existence du maillon faible d’un dispositif, est plus ou mois inconnue.

En conclusion : il est réjouissant d’observer des gens simples qui ne se résignent pas, qui se battent , qui savent se montrer solidaires et qui n’attendent pas une providentielle aide extérieure.